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Quand les IUFM se rappellent au bon souvenir du président

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En regardant le débat télévisé, mercredi soir Patrick Demougin a failli s’étrangler. Voilà qu’il entendait le chef de l’Etat se féliciter d’avoir supprimé l’établissement dans lequel il travaillait. Une institution qui compte 3 000 salariés et où 30 000 étudiants préparent les concours d’enseignant.

Patrick Demougin est président de la Conférence des IUFM, ces 32 Instituts universitaires de formation des maîtres que Nicolas Sarkozy s’est réjoui lors du débat avec François Hollande d’avoir « supprimés »… « parce que c’était une catastrophe »…

Dans plusieurs IUFM, le téléphone n’a pas arrêté de sonner ce jeudi. Des parents suspicieux se demandaient si les études de leur enfant n’étaient pas une couverture… des épouses voulaient vérifier que leur mari n’avait pas un travail fictif…

Prenant l’affaire très au sérieux, la CDIUFM a décidé de rappeler dans un communiqué qu’ « il y a toujours trente-deux IUFM qui sont dirigés par trente-deux directeurs nommés par le Ministre de l’Enseignement Supérieur." Quelques directeurs plus offensifs ont pris la plume de leur côté. Les patrons des établissements de Lyon, Poitiers, Marseille et Bordeaux ont profité d'un courrier conjoint pour rappeler que " ces IUFM sont en charge de plus de 550 masters qui préparent aux métiers de l’enseignement» et pour revenir sur quelques épisiodes douloureux. "Certainement le candidat Nicolas sarkozy pense qu'il n'est pas nécessaire de former les enseignants et c'est pour cela qu'il rêve que le président Nicolas Sarkozy a supprimé les IUFM"

Ce n'est pas tous les jours qu'ils s'énervent les patrons d'IUFM. Mais cette fois c'était la goutte de trop. La petite phrase présidentielle leur a donné des aigreurs à eux qui depuis 2007 en ont vu et entendu!

En fait, ce que le chef de l’Etat appelle une « suppression » est plutôt un changement de statut. Ces établissements étaient autonomes avant l'arrivée de Nicolas Sarkozy, ils sont devenus des écoles internes des universités. « ce qui ne nous emopêche pas de délivrer des masters d’enseignement », rappelle Patrick Mougin. Un précieux sésame qui permet de passer ensuite les concours pour enseigner.

Le lapsus présidentiel rappelle les conditions qui ont présidé à ce passage au second plan des IUFM dans la réforme de la formation des enseignants en 2009. Ces instituts créés en 1989 par Lionel Jospin, en remplacement des écoles normales, ont toujours incarné aux yeux d’une partie de la droite un véritable repère du « pédagogisme ». Lorsque le chef de l’Etat estime avoir « supprimé les IUFM qui étaient une catastrophe », c’est sans doute ce qu’il entend. Lorsqu’il ajoute qu’il a aussi voulu « que nos enseignants soient formés dans l’université », il oublie quand même au passage qu’en supprimant l’année de stage, il a mis fin à la formation spécifique des enseignants.

Maryline Baumard


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